Elden Ring : Mort Royale

Elden Ring : Mort Royale

Il était l’un des jeux les plus attendus de l’année. Il est enfin sorti il y a quelques semaines et il éclate tout sur son passage ! On parle bien sûr d’Elden Ring, le dernier né des studios From Software. Ces derniers, créateurs de Demon’s souls, de la trilogie Dark souls et des jeux redoutables tels que Bloodborne et Sekiro. Attendu par beaucoup et redouté par certains, Elden Ring trimballe la réputation du studio dans son savoir-faire pour nous proposer des jeux exigeants et extrêmement complexes. Pour la première fois, le studio japonais, crée par Hidetaka Miyazaki, bouscule ses habitudes pour nous offrir un open world dans l’esprit des Souls.

Pour la petite histoire, Elden Ring se déroule dans le royaume de l’Entre-terre, quelque temps après la destruction du Cercle d’Elden et la dispersion de ses fragments, les runes majeures. Autrefois honoré par la présence du Cercle et de l’Arbre-Monde, le royaume est maintenant gouverné par les descendants demi-dieux de la reine Marika l’Éternelle. Chacun d’entre eux possède un éclat du Cercle d’Elden qui a le pouvoir de les corrompre et de les empoisonner. Le joueur incarne un ‘Sans-éclat’, un exilé de l’Entre-terre qui a perdu la grâce du Cercle. Rappelé après l’Éclatement, le joueur doit traverser le royaume pour trouver toutes les runes majeures, restaurer le Cercle d’Elden et devenir le Seigneur d’Elden. Aidé par George RR Martin (le créateur de Game of Thrones) pour la création du monde de l’entre terre, terrain de jeu du sotf, From Software bouscule les codes établis dans ses autres licences tout en conservant l’ADN qui les rendait si unique.

Est-ce qu’Elden Ring est aussi difficile que ses prédecesseurs ? Attirera-t-il des nouveaux venus qui étaient rébutés par la difficultés des jeux From Software ? 3 de nos chroniqueurs ont goûtés au plaisir de l’Entre terre. Ils ont ainsi essayé de dompter la créature. Leurs récits vous sont comptés dans les lignes suivantes.

Elden Ring

L’entrée de “Leyndell, Royal Capital”

Nicolas :

Étant un fan invétéré des Souls mais aussi de Bloodborne et Sekiro, c’est avec une impatience non dissimulé que j’attendais la sortie du jeu. J’y joue depuis sa sortie et je n’ai pas laché la manette depuis. Pour info, les lignes qui vont suivre ne reflètent pas un test complet du jeu. Je ne suis pas encore arrivé au bout ! C’est plus un ressenti de mon expérience avec Elden Ring.

Mon Dieu !! Quelle expérience !!! Comme je l’ai dit, j’ai joué à presque tous les From Software. D’ailleurs, les mécaniques de ce style de jeu n’ont plus de secret pour moi. Du moins je le pensais. Mais je ne pensais pas vivre ce qu’Elden Ring me procure comme sensation. De temps en temps, il y a un événement qui chamboule tout ce que vous pensiez savoir dans un domaine. Elden Ring est une expérience de ce genre.

Tout d’abord, le fait que le jeu soit un « Open World » m’avait fait douter. Contrairement à The Witcher 3 ou Horizon Zero Dawn – que j’adore – Elden Ring n’est pas un style que je raffole. Il faut y investir pas mal de son temps. Mais dès que j’ai commencé à entrer en profondeur dans le monde de l’Entre terre, une chose m’a complètement éblouie : LA liberté que procure le titre.

Si Assasin’s Creed ou même Horizon,  vous indique les quêtes qui sont disponibles à l’aide d’une carte et des marqueurs, Elden Ring fait les choses autrement. Il vous laisse le plaisir de découvrir les trésors que recèle son univers. Ce qui donne un cachet immersif et percutant au  jeu. La map est immense. Chaque endroit est défini par une identité propre. On pourra regretter un scénario beaucoup plus détaillé.

Toutefois,  l’histoire est raconté à travers les décors grâce à une direction artistique magistrale. Elden Ring est beau. Certes le moteur graphique n’est pas aussi impressionnant qu’un Horizon Forbidden West mais la diversité de son univers et des créatures qui y vivent donnent un aspect vivant à votre périple. Il m’est arrivé, plusieurs fois, d’avoir la machoire décroché avec un nouvel environnement que je viens de découvrir. Encore une fois, le plaisir de la découverte est totale !!!

En terme de gameplay, certains diront qu’il est plus accessible que les Souls etc.. Oui et non. Oui, son monde offre des possibilités et des alternatives. Si vous êtes coincés dans un endroit trop dûr ou si un boss vous malmène la vie, il ne faut pas perdre espoir. L’ingéniosité d’Elden Ring réside dans la possibilité de contourner un obstacle à travers des chemins alternatifs. Par exemple, vous pouvez éviter un boss coriace et y revenir lorsque vous avez le niveau pour l’affronter. From Software réalise un coup de génie avec cette formule. En effet, il arrive à rendre le jeu plus accessible aux nouveaux venus dans ce type de jeu. Cependant, accessible ne veut pas dire facile. D’ailleurs, le jeu est très punitif par moments. Mais son level design est un modèle à suivre car le jeu est malin dans sa façon de ne jamais frustré le joueur.

Je ne me suis jamais retrouvé bloqué dans le jeu et j’avance constamment à chaque sesssion. Et puis il y a pas plus grand plaisir que de terrasser un boss principal après avoir vécu un combat intense et épique où la transpiration a couler à flots. En tout cas, je vis une experience unique avec ce jeu depuis quelques semaines (Je suis à près de 70 heures de jeu). Une œuvre Magistrale qui nous rappelle notre amour pour les jeux vidéos. Cela, même s’il pèche par une optimitisation un peu approximatif de son moteur. Il fait le buzz avec ses chiffres de ventes pharaoniques et le nombre de joueurs connectés depuis sa sortie. Certes Elden Ring n’est pas le genre de jeu qui plaira à tous mais croyez-moi, vous risquerez d’y prendre un malin plaisir. Bon, sur ce, je retourne dans l’Entre terre en esperant peut être vous croisez lors d’un de mes périples.

Elden Ring

Cedric :

Elden Ring est pour moi une des plus grosses sorties en terme de RPG de 2022. Et nous ne sommes qu’en début d’année ! Avec plus de 12 millions de copies vendues, il est un véritable succès et à attirer pleins de nouveaux joueurs dans le genre. J’ai vraiment hésité avant d’acheter le jeu. En effet, je n’ai jamais été attiré par les ‘Souls like’. Ce type de jeu est tellement difficile que je m’en suis abstenu durant toutes ces années. Mais Elden Ring est différent.

L’univers open-world est la première chose qui m’a attiré. Ensuite le fait que G.R.R.M sois co-auteur, je savais que j’aurais eu droit à un story-telling de génie ! Pour ma première experience en souls game, j’ai opté pour l’Astrologer. En gros, le mage d’Elden Ring pour que je puisse combattre a distance. Je me suis vite rendu compte que la magie est extrêmement OP (over-powered) dans ce jeu. Cela m’a permis d’avancer dans mon aventure avec une certaine aisance, car j’avais l’impression que la difficulté été du coup réduite. Bon, quand on arrive à un certain point dans le jeu – où il faut affronter des boss comme le General Radhan – il faut apprendre les ‘patterns’ de celui-ci. Sinon, à distance ou pas, on se fait vite dézinguer.

Après environ 65 heures de jeu, j’ai terminé la quête principale. Je peux déjà vous dire que la dernière bataille était vraiment intense ! Je suis le genre de joueur qui s’intéresse surtout à l’histoire principale. Du coup, certains pourraient dire que j’ai rush le jeu. Il est vrai qu’il y a certain side quests, comme celle du Volcano Manor, que j’ai complété après avoir fini le main quest. La qualité que l’on développe le plus en jouant à Elden Ring serait, pour moi, la patience et la persévérance ! Quand on arrive plus à avancer, on va ‘farm’ des runes, on ‘level-up’, et on y retourne pour un nouvel essai. C’est d’ailleurs ce qui rends le jeu addictif.

Je ne pensais pas passer autant de mon temps libre (et parfois temps de travail) dans le jeu. J’explore ou je tente de trouver les astuces pour combattre certains boss. La satisfaction que j’ai ressenti en revenant vers certains monstres que je n’arrivais pas à battre en début du jeu, et enfin réussir (après plusieurs tentatives) à les tuer, man it felt good ! Je suis en ce moment a ‘farm’ les différentes armes, sorts et incantations avant de commencer mon ‘new game plus’, une option propre aux souls games. Elle permet de recommencer le jeu avec une difficulté additionnelle. Cela promet ! D’ailleurs, je ne pense pas me lasser aussitôt d’Elden Ring. Si vous êtes comme moi, un newbie, dans ce style de jeu, je vous le recommande fortement. Si j’ai pu le faire, you can do it too!

Elden Ring

Aldo et Nicolas en mode multijoueur sur PlayStation

Aldo :

Après avoir ravivé la Première Flamme en tant que ‘Chosen Undead’, brisé la malédiction dans la peau du ‘Bearer of the Curse’ et enfin éliminé les Lords of Cinder en tant que ‘the Ashen One’, je ressentais déjà le manque de challenge. FromSoftware a su combler le vide ne serait-ce qu’un instant avec l’excellent Sekiro: Shadows Die Twice. Mais rebelotte, Hidetaka Miyazaki a laissé un vide profond en ce fan des Souls Game que je suis. Une longue attente et plusieurs délais plus tard, Elden Ring est enfin sorti et je dois admettre que FromSoftware a frappé au bon endroit.

Comme d’habitude, c’est bourré de Lore par-ci, par-là et bien-sûr, rien ne vous est servi sur un plateau. C’est à vous de partir à la chasse à l’information grâce à l’exposition des personnages non-joueurs, aux descriptions d’objets à collectionner et en explorant l’univers à dos de Torrent. Ce fidèle destrier joue un rôle majeur dans Elden Ring puisqu’il vous donne la capacité de parcourir ‘The Lands Between’. Mais il vous offre également un accès à la verticalité ; du nouveau chez les jeux de FromSoftware.

Fidèle aux œuvres précédentes d’Hidetaka Miyazaki, Elden Ring transpire du Berserk de partout. C’est d’ailleurs cet hommage constant à l’univers de Kentaro Miura qui m’a fait adorer les jeux de FromSoft. Un univers envoutant et magnifique (même sur la PS4 !) où l’on s’y perd des heures à explorer tous les recoins en quête de secrets (et surtout de satanés murs invisibles).

Pas grand-chose à dire sur le gameplay puisque Elden Ring propose la formule gagnante des jeux FromSoft tout en la rendant beaucoup plus « accessible ». Cela dit, il ne faut pas non plus s’attendre à une expérience agréable à la Breath of the Wild : vous allez mourir. Beaucoup. Le seul point ‘négatif’ que je reprocherais à Elden Ring sur mes 80 heures de jeu, c’est qu’il a tendance à recycler certains donjons ainsi que des boss optionnels. Malgré cela, on détient là l’un des potentiels jeux de l’année 2022.

The Batman : Bat Psycho

The Batman : Bat Psycho

Depuis sa creation en 1939 par Bill Finger et Bob Kane dans les pages de Detective Comics, Batman a connu de nombreuses adaptations cinématographiques. Débutant avec la série kitsch de 1969, avec Adam West et Burt Ward, en passant par les films Gothico Freak, de Tim Burton les délires haut en couleur de Joel Schumacher, le réalisme hard boiled de la trilogie Nolan et l’approche Dark comic book de Zack Snyder, on ne compte plus les itérations sur grand écran de l’homme chauve souris. Certains atteignant des niveaux incroyables tout en transcendant le matériel d’origine (The Dark Knight de Nolan). Alors que d’autres se rapprochent de l’indigestion abyssale – les frasques débilos-kitsch de Batman et Robin qui ont faillis avoir raison de la franchise avant la renaissance avec le Batman Begins de Nolan . The Batman est la première adaptation solo du personnage depuis la trilogie Nolan (ndlr : celui de Ben Affleck dans le Snyderverse fait plus office d’ensemble pour la Justice league que véritable adaptation solo). Le film est annoncé comme un ‘stand alone’ movie et ne fait pas partie d’un univers partagé. Réalisé par Matt Reeves, on voyait déjà la tournure qu’allait prendre ce Batman avec l’arrivée de Robert Pattinson (mis à part Twilight, le gars est un excellent acteur). Pour rappel, Matt Reeves est l’artisan derrière Cloverfield, deux des meilleurs films de la trilogie Planet of the Apes ou encore du remake sympathique qu’est Let the right One In. Ainsi, le réalisateur a une approche beaucoup plus sombre et psychologique du Dark Knight jamais exploité auparavant.

The Batman et Catwoman

Batman et Catwoman

Noir c’est Noir

Disons le d’emblée, The Batman transcende tout ce qui a été fait auparavant dans l’univers de l’homme chauve-souris. Dès son introduction, le spectateur se retrouve témoin principal d’un meurtre violent perpétré par un personnage énigmatique qui se fait appeler le Riddler. Transition ensuite dans le ville de Gotham, gangrénée par la corruption et le crime. Cette déchéance se manifeste à travers un temps pluvieux et un environnement insalubre, qui s’associerait à Blade Runner ou Seven de David Fincher. Une voix off guide le spectacteur tel un film noir, le plongeant ainsi dans l’univers de cette nouvelle itération de Batman. Celle-ci sera différente de tout ce qui nous a été proposé avant. On comprend que Bruce Wayne sévit en tant que Batman depuis 2 ans et qu’il est toujours impregné par sa soif de vengeance, provoquée par la mort de ses parents. L’introduction au Dark Knight est d’une violence inouïe qui contraste avec tous les Batman qu’on a eu la chance de connaître jusqu’à présent. D’ailleurs, il fait même passer celui de Ben Affleck pour un enfant de choeur. L’ambiance lugubre se rapproche beaucoup de Polar Hardboiled ou du thriller limite horifique à la Saw.

Batman – Battinson

Pour ceux qui avaient encore des doutes sur le choix du casting de Pattinson, soyez rassurés ! Son Bruce Wayne est l’un des plus sombre et nihiliste qui nous a été de voir sur grand écran.  Un mélange atypique entre Kurt Cobain et Eric Draven de The Crow, en passant par Dracula (non pas Twilight). On ressent sa douleur, son mal-être, sa colère à travers le jeu d’acteur de Pattinson. C’est un Batman debutant qui fait des erreurs, essaie de trouver ses appuis mais qui surtout exulte toute sa colère dans ses actions. Il se rapproche beaucoup plus d’un vilain que d’un veritable héros. Mais derrière toute cette rage, se cache quelqu’un qui veut trouver une solution pour débarasser sa ville du mal qui la ronge. Son impuissance se ressent car il arrive pas à gérer une situation qui échappe à son contrôle. L’arrivée du Riddler le pousse dans ses tranchements et il doit débloquer encore plus son esprit d’investigateur. Oui, pour la première fois,  l’emphase est mis sur l’aspect enquêteur de Batman et pas juste celui de justicier. La transformation du personnage en tant que  vengeur masqué au symbole de justice se ressent à travers tout le film. L’interprétation remarquable de Pattinson y est pour beaucoup et confirme qu’il n’a rien à envier à ses prédecesseurs. La comparaison n’a même pas lieu car il apporte quelque chose d’unique au personnage. Un gars meurtri qui fait face à ses demons, victime d’insécurité, impartial, violent mais qui trouve sa voie et accepte son statut de figure emblématique de Justicier tout en comprenant que la vengeance n’est pas la solution. Pour la première fois, l’emphase est bien mis sur Batman plutôt que Bruce Wayne car son véritable déguisement est bien celui de l’orphelin-aristo. La gestion du noir comme terrain de jeu pour le Dark Knight est encore plus palpante ici tout en lui donnant un cachet de créature de la nuit vampirique (Non pas Twilight).

Casting Parfait

Les personnages secondaires ne déméritent pas non plus. Zoé Kravitz, en tête de liste, assure en une jeune Selina Kyle. Sensuelle et dangereuse, elle excelle dans le rôle en y apportant une touche féminine. Bienvenue dans l’entrerprise ! Contrairement à Anne Hattaway dans Dark Knight Rises, elle fait partie intégrante de l’histoire. La relation qu’elle entretient avec Batman contribue à une des plus belles réussites du film. Pour les fans de comics, ce sont clairement des cases de Hush qui prennent vie. L’alchimie qui se dégage entre ses deux êtres torturés, au même but, les transforme en couple imparfait mais d’une sincérité renversante. Après la performance culte de Pfeiffer, Kravitz nous propose la meilleure incarnation du personnage à l’écran. Colin Farrell est méconnaissable en Pingouin et sa performance est à l’opposé de Danny De Vito dans Batman Returns. Ici le pingouin est un veritable gangster qui est prêt à tout pour arriver à ses fins. Il n’a pas encore atteint son statut de maître du crime mais on y perçoit des bribes de son avenir au fur et à mesure que l’histoire avance. Jeffrey Wright en Gordon joue juste et propose une vraie interaction avec Batman, encore plus que dans les autre films. Il n’a rien à envier à Gary Oldman (magistral dans la trilogie Nolan) et devient un veritable associé de l’homme chauve-souris dans sa lutte contre le crime. Même si perso, Micheal Caine restera mon Alfred préféré, Andy Serkis est émouvant dans le rôle du célèbre majordome (Je défie quiconque qui ne versera pas une larme lors d’une sequence émouvante et puissante entre lui et Bruce Wayne). Même s’il n’a pas beaucoup de temps de présence à l’écran, il assure dans toutes les scènes où il apparait. John Turturro en Falconi est le parfait exemple du contre-emploi pour l’acteur et confirme son énorme talent de caméléon. Maroni semble tout droit sorti d’une case de The Long Halloween, de Jeph Loeb, et son caractère attire le dégoût et la peur, tout en le rendant fascinant, est incroyablement restitué par Turturro. Et le meilleur pour la fin : Paul Dano en Riddler est tout simplement époustouflant. Tel le John Doe de Seven, qui joue à cache-cache en sémant des indices avec ses meurtres que ne renierai pas Jigsaw dans la saga Saw, il devient un personnage mystérieux (L’homme mystère quand même) et fascinant. Iconisé par ses temps d’apparition en ombre chinoise ( encore une fois, Seven est une influence majeure), il renvoie beaucoup à ce que Heath Ledger avait emmené avec son Joker : une légitimité et une personnalité à un personnage archi connu. La façon dont Reeves joue avec ce personnage est très ingénueux et le scénario est assez malin pour embriquer tout ce beau monde dans une cohérence rarement vu dans un film de ce genre.

 

Ambiance quand tu nous tiens

Au niveau de la technique, on saluera le travail de Greig Fraser, déjà responsable de Dune, sur la photographie. Le noir et le jaune sepia de Gotham sont beaux et organiques. The Batman nous donne une autre architecture pour son Gotham qui lorgne beaucoup du côté de la splendeur gothique d’un The Crow mélangé à l’ambiance crasseuse et pluvieuse de Seven. Visuellement, Gotham apparaît sous un nouveau jour et est ainsi personnifié. Le scenario de Matt Reeves, Mattson Tomlin et Peter Craig, propose une harmonie chirurgicale où toutes les intrigues proposées sont anchevétrées tel un puzzle qui se rassemble sous nos yeux en ne tombant jamais dans la surenchère. Même les scènes d’actions servent l’histoire et ne sont pas utilisées de manière abusive. Certains regretteront peut-être des sequences épiques de bataille (même si une séquence particulière en vaut carrément le detour) mais on va dire que Reeves n’est pas un Snyder côté séquences musclées. Il a toutefois le mérite de nous proposer autre chose que ce qu’on a l’habitude de voir. Mention spéciale aussi à la magnifique partition de Michael Giacchinno. Le gars nous propose des thèmes de toute beauté avec des envolées lyriques poétiques sans tomber dans la redondance.

 

Nouvelle référence

Pour conclure, The Batman éclate tous les espoirs qu’on avait en lui depuis le début. Un film d’une richesse et d’une puissance généreuse qui sur 3 heures arrive à raconter tout ce qu’il avait à dire. Il propose quelque chose de nouveau dans le genre et transcende son statut de film de super-héros pour nous offrir une oeuvre personnelle  : un vrai film d’auteur, à la Fincher. L’univers de Batman est respecté avec des nuances bienvenues tout en proposant une profondeur à ses personages et les thèmes abordés dans son scenario intelligent. L’influence majeure de Reeves est la bd EGO de Darwin Cooke où la psyché de Batman est mise à l’épreuve. Le film propose un voyage psychologique sombre et violent mais jubilatoire. Après Joker de Todd Philips, le film de Matt Reeves démontre que ce genre de production peut atteindre des sommets s’il est traité avec respect. Décidémment un des sommets de 2022.

Note : 9/10

The Batman est actuellement en salle dans les cinémas Star.

 

Scream : Cri prétentieux

Scream : Cri prétentieux

On ne présente plus Scream : phénomène horrifique des années 90, crée par Wes Craven (qui traumatisa une autre génération (celle des années 80) avec Nightmare on Elm street et son croquemitaine Freddy Krueger), et Kevin Williamson et qui devint une véritable pièce de la pop culture. L’ingéniosité de Scream réside dans son commentaire Meta avec ses références, sa reconstruction du film d’horreur mais surtout du slasher movie. Révolutionnaire en son temps, Scream a engendré des ersatz (I Know what you did last summer, Urban Legend etc..), mais aussi plusieurs suites qui, malheureusement, n’arriveront pas à la hauteur de l’original. 25 ans après le premier volet, l’idée d’un nouvel épisode de la saga semblait saugrenue. Cela dit, avec le revival de toutes les franchises ayant marqué la pop culture (avec des effets catastrophiques que l’on connait pour certains), on n’allait pas tarder à revoir la tronche de Ghostface apparaître sur nos écrans. C’est désormais chose faite avec ce 5ème opus sobrement intitulé Scream. La magie opère-t-elle toujours ? réponse dans les lignes qui vont suivre.

 

Meta Slasher

Après 4 films et une série télé, ce 5éme opus veut se démarquer de ses prédécesseurs.Tout d’abord, le titre Scream sans aucun chiffre à l’arrière veut revenir aux origines de la saga. Dès la scène d’introduction, on se retrouve dans une reproduction de la séquence culte du premier (immortalisée par Drew Barrymore), mais avec un Twist. Cette séquence fait le constat que la culture du film d’horreur a complètement changé. Voir la victime mentionner des films comme Hereditary, The Witch, Midsommar ou même The Babadook (my kind of shit) démontre l’évolution du film horrifique depuis le temps. La force de Scream (mais aussi sa faiblesse, on va y revenir) réside dans son analyse Meta de l’état de la franchise. En utilisant Stab (Le film dans le film crée dans Scream 2) , Il fait un constat de l’impact qu’a pu avoir le film à travers les années. Même s’il est un peu bancal par rapport au premier opus, le commentaire demeure intéressant, du moins dans la première partie. Autre point positif, le passage à une nouvelle génération de protagoniste (certes pas aussi iconique que les originaux) mais avec un point d’orgue assez intéressant comparé aux prétextes sortis dans les épisodes précédents pour le retour du tueur. Certaines exécutions sont assez bien foutues même si ça n’atteint jamais ceux des deux premiers titres.

Prétention quand tu nous tiens

Mais Scream se tire une balle dans le pied au fur et à mesure que le film évolue. Tout d’abord sa critique envers les Requel (suite qui reprends les codes et le déroulement du premier tout en essayant de proposer quelque chose de nouveau. Le parfait exemple est The Force Awakens de la saga Star Wars dont il se proclame en être un des héritiers du genre. L’analyse d’un des personnages dans ce sens reprend une des séquences emblématique du deuxième Scream sur les suites mais en plus grossier. En critiquant tout ce qui se fait dans le genre et en se proclamant comme une exception à la règle, le message de ce Scream est hautement prétentieux. Malheureusement, elle tombe dans la catégorie des suites qui se croient intelligentes mais qui, au final, se trouvent beaucoup plus creux qu’ils n’en ont l’air.  En reprenant certaines scènes cultes du premier, Scream nouvelle génération démontre sa grande faiblesse dans sa peine d’essayer de transcender son statut de suite et de se proclamer comme la nouvelle référence pour une nouvelle génération alors qu’il n’y a plus de fraîcheur dans une franchise qui a déjà épuisé ses balles depuis belle lurette. L’originalité et la fraîcheur du premier opus demeurait dans son concept qui proposait quelque chose d’inédit dans le genre : Un film qui connait les codes du genre et qui en joue pour bluffer son spectateur. Une scène spécifique de cet opus (la scène de la cuisine) essaie de réitérer le tir avec un faux suspense forcé qui fera bailler le fan qui connait les codes par cœur. Idem pour le whodunnit tellement évident qui témoigne de la paresse scénaristique du script.

Méta casse couille

Au final, Ce Scream se retrouve le cul entre deux chaises dans sa façon d’aborder son sujet et le mettre au gout du jour tout en passant le flambeau à une nouvelle génération. Certaines idées sont assez intéressantes (surtout quand le film sort des sentiers battus sans s’autoréférencer) et les acteurs, anciens comme nouveaux,  s’en sortent assez bien. D’un autre côté, l’exécution de certaines séquences en plus de sa prétentieux de critiquer tout ce qui se fait autour alors qu’il tombe lui même dans cette catégorie, en font une oeuvre qui essaie de réitérer ce qui faisait le succès de l’original mais sans la fraîcheur de ce dernier. En essayant de remettre au gout du jour une franchise ancrée dans une certaine époque tout en l’imprégnant des idéologies actuelles, Scream se rajoute à la longue liste des franchises qui auraient du rester au placard. Tout comme la dernière réplique d’un des personnages, celui-là pourra mourir dans l’anonymat le plus total et sera oublié après un certain temps. Le film confirme le constat peu reluisant du genre horrifique aux states, mais heureusement, on a des auteurs comme Ari Aster (Hereditary, Midsommar), Roger Eggert (The Witch) ou même Jennifer Kent (The Babadook) et Rose Glass (Saint Maud) pour redorer le blason et renouveler un genre qui a tendance à s’essouffler.

Note : 4/10

Doctor Strange : In the Multiverse of Madness se dévoile dans un trailer

Doctor Strange : In the Multiverse of Madness se dévoile dans un trailer

Le film Doctor Strange : In the Multiverse of Madness est attendue pour de multiples raisons : Le retour du célèbre sorcier malmené par les évènements de End Game (qui ont toujours une répercussion psychologique sur lui avec la mort de Tony Stark) mais aussi la catastrophe des événements de No Way home tout en essayant de reprendre son statut de sorcier suprême. L’arrivée de Wanda Maximoff, devenue surpuissante après ses tribulations dans Wanda Vision. Et bien sur le retour de Sam Raimi (la trilogie Spider-man) qui, 15 ans après Spiderman 3, revient dans l’univers des films de super héros.

En vue de la nouvelle bande annonce qui est tombée lors du Superbowl, on doit avouer qu’on se retrouve face à l’une des plus épiques qui nous ont été donnés de voir depuis belle lurette dans le MCU. Visuellement, on sent la patte de la mise en scène de Raimi. Sa capacité à faire revivre des cases de comics en live est palpable dans chaque plan présenté dans ce trailer. L’imagerie renvoie aux cases haut en couleur d’un Jack Kirby. On entrevoit des choses qui alimenteront les discussions les plus folles jusqu’à l’arrivée du film (Première apparition des Illuminati ? L’introduction du Gene X dans le MCU ? Wanda sera-t- elle la grande méchante du film? Les théories concernant l’apparition de plusieurs personnages phares de Marvel, (dont une complètement folle qui parle de Tom Cruise en Iron man?). En tout cas, Raimi donne sacrément envie et confirme son retour en maître de l’adaptation de comics par excellence. Rendez-vous est pris pour Mai 2022. En attendant, je vous laisse vous délecter de la bande annonce vertigineuse ci-dessous.

The Tragedy of Macbeth : La Divine tragédie

The Tragedy of Macbeth : La Divine tragédie

On ne présente plus Macbeth, la célèbre pièce de theatre de Shakespeare qui a fait l’objet de nombreuses adaptations cinématographiques avec des réalisateurs aussi prestigieux qu’Orson Welles, Akira Kurosawa ou Justin Kurzel. On s’interesse aujourd’hui à la nouvelle adaptation signé Joel Coen (une moitié des Frères Coen) qui est arrivé depuis quelques temps sur la plateforme de streaming Apple TV+.  Je le dis d’emblée pour tout ceux qui n’aime pas la dramaturgie du célèbre poête anglais, cette nouvelle version de Macbeth ne vous fera pas changer d’avis mais pour les autres, accrochez –vous car vous serez aux anges.
Dès le premier plan d’ouverture (dans un format 4:3 superbement adapté pour l’occasion), on est subjugué par la beauté des plans et l’utilisation bluffante de l’espace. Chaque image est comme un tableau d’une beauté diabolique méticuleusement placé pour offrir un cachet théatral à l’entreprise. Mais détrompez–vous, le long métrage propose une vraie leçon de mise en scène cinématographique envoutante. Une masterclass de maîtrise totale du 7ème art par un artisan qui n’a plus rien à apprendre de son métier. Joel Coen dirige de main de maître son film (qui a quand même demandé 1 an et demi de préparation) tel un chef d’orchestre préparant une partition musicale virtuose mais maitrisée. The Tragedy of Macbeth transpire par sa maitrise, tant artistique que technique, pour nous proposer une oeuvre transcendente et sensorielle tout en nous faisant vivre une des pièces les plus célèbres de la planète sous une forme complètement révolutionnaire.
Qu’en est-il du fond? Rassurez-vous si Macbeth brille par sa beauté esthétique, il assure aussi au niveau des performances de ces acteurs. Denzel Washington est majestueux dans le rôle de l’anti héros torturé, Macbeth. Une interpretation théatrale tout en finesse mais qui demeure perfectible par moment. Quand il assure, il crève l’écran mais on commence à entrevoir les limites de sa prestation dans certaines scènes où ce cher Denzel semble moins à l’aise. Ça ne gache en rien le plaisir de voir un des plus grands acteurs de notre génération s’attaquait à du Shakespeare près de 30 ans après Beaucoup de bruit pour rien où il avait partager l’affiche avec Keanu Reeves, Emma Thompson et Kenneth Branagh. Mais la véritable star du film demeure Frances Macdormand. Après avoir reçu l’oscar de la meilleure actrice l’année dernière pour Nomadland, elle est magistrale dans le rôle de Lady Macbeth et nous bluffe encore une fois avec une performance habitée du début à la fin. Elle crache son venin tout en sublimant le texte épique de Shakespeare avec un naturel déconcertant. Le reste du casting complètent parfaitement les deux acteurs principaux avec une mention speciale pour Alex Hassell (vu récemment dans Cowboy Bebop mais aussi la série The Boys) qui détient un charisme de malade dans le rôle de Ross (l’éxécuteur de Macbeth) mais aussi Corey Hawkins dans le rôle de Mcduff (qui a droit à un affrontement mano à mano de toute beauté avec Denzel).
Joel Coen a décidé de conserver le texte de Shakespeare tel quel (mais avec certaines modifications subtils) et je peux comprendre que ça risque de dissuader certains pour le regarder. Se limiter au texte serait une grave erreur car meme si certaines tournures de phrase pourraient porter à confusion, le visuel, l’interprétation et le déroulement de l’histoire sont assez envoutants pour vous faire accepter le texte après un temps d’adaptation. Au final, The Tragedy of Macbeth propose tout simplement  le mariage entre proposition de pur cinéma et pièce de théatre épique.. Un film d’une beauté diabolique où chaque plan est minutieusement éxécuté pour nous emmener dans l’univers de l’oeuvre de Shakespeare . Une vision épurée mais mener de main de maître par Joel Coen pour nous offrir un des premiers chef d’oeuvre de 2022. Un grand film qui ne plaira pas à tout le monde mais qui propose enfin du grand grand cinéma pour les aficionados du 7ème art. Rien que pour ça, The Tragedy of Macbeth mérite toute votre attention.

Note  : 9/10

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