On ne présente plus Macbeth, la célèbre pièce de theatre de Shakespeare qui a fait l’objet de nombreuses adaptations cinématographiques avec des réalisateurs aussi prestigieux qu’Orson Welles, Akira Kurosawa ou Justin Kurzel. On s’interesse aujourd’hui à la nouvelle adaptation signé Joel Coen (une moitié des Frères Coen) qui est arrivé depuis quelques temps sur la plateforme de streaming Apple TV+.  Je le dis d’emblée pour tout ceux qui n’aime pas la dramaturgie du célèbre poête anglais, cette nouvelle version de Macbeth ne vous fera pas changer d’avis mais pour les autres, accrochez –vous car vous serez aux anges.
Dès le premier plan d’ouverture (dans un format 4:3 superbement adapté pour l’occasion), on est subjugué par la beauté des plans et l’utilisation bluffante de l’espace. Chaque image est comme un tableau d’une beauté diabolique méticuleusement placé pour offrir un cachet théatral à l’entreprise. Mais détrompez–vous, le long métrage propose une vraie leçon de mise en scène cinématographique envoutante. Une masterclass de maîtrise totale du 7ème art par un artisan qui n’a plus rien à apprendre de son métier. Joel Coen dirige de main de maître son film (qui a quand même demandé 1 an et demi de préparation) tel un chef d’orchestre préparant une partition musicale virtuose mais maitrisée. The Tragedy of Macbeth transpire par sa maitrise, tant artistique que technique, pour nous proposer une oeuvre transcendente et sensorielle tout en nous faisant vivre une des pièces les plus célèbres de la planète sous une forme complètement révolutionnaire.
Qu’en est-il du fond? Rassurez-vous si Macbeth brille par sa beauté esthétique, il assure aussi au niveau des performances de ces acteurs. Denzel Washington est majestueux dans le rôle de l’anti héros torturé, Macbeth. Une interpretation théatrale tout en finesse mais qui demeure perfectible par moment. Quand il assure, il crève l’écran mais on commence à entrevoir les limites de sa prestation dans certaines scènes où ce cher Denzel semble moins à l’aise. Ça ne gache en rien le plaisir de voir un des plus grands acteurs de notre génération s’attaquait à du Shakespeare près de 30 ans après Beaucoup de bruit pour rien où il avait partager l’affiche avec Keanu Reeves, Emma Thompson et Kenneth Branagh. Mais la véritable star du film demeure Frances Macdormand. Après avoir reçu l’oscar de la meilleure actrice l’année dernière pour Nomadland, elle est magistrale dans le rôle de Lady Macbeth et nous bluffe encore une fois avec une performance habitée du début à la fin. Elle crache son venin tout en sublimant le texte épique de Shakespeare avec un naturel déconcertant. Le reste du casting complètent parfaitement les deux acteurs principaux avec une mention speciale pour Alex Hassell (vu récemment dans Cowboy Bebop mais aussi la série The Boys) qui détient un charisme de malade dans le rôle de Ross (l’éxécuteur de Macbeth) mais aussi Corey Hawkins dans le rôle de Mcduff (qui a droit à un affrontement mano à mano de toute beauté avec Denzel).
Joel Coen a décidé de conserver le texte de Shakespeare tel quel (mais avec certaines modifications subtils) et je peux comprendre que ça risque de dissuader certains pour le regarder. Se limiter au texte serait une grave erreur car meme si certaines tournures de phrase pourraient porter à confusion, le visuel, l’interprétation et le déroulement de l’histoire sont assez envoutants pour vous faire accepter le texte après un temps d’adaptation. Au final, The Tragedy of Macbeth propose tout simplement  le mariage entre proposition de pur cinéma et pièce de théatre épique.. Un film d’une beauté diabolique où chaque plan est minutieusement éxécuté pour nous emmener dans l’univers de l’oeuvre de Shakespeare . Une vision épurée mais mener de main de maître par Joel Coen pour nous offrir un des premiers chef d’oeuvre de 2022. Un grand film qui ne plaira pas à tout le monde mais qui propose enfin du grand grand cinéma pour les aficionados du 7ème art. Rien que pour ça, The Tragedy of Macbeth mérite toute votre attention.

Note  : 9/10

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