Repoussé à plusieurs reprises par rapport à la pandémie, Black Widow devrait être un amuse gueule avant que le MCU lance vraiment la phase 4 de ses opérations. Le film est sorti cette semaine en salles (pour les chanceux avec une salle de cinéma en opération) mais aussi via l’accès premium de Disney + (malheureusement pas accessible dans nos contrées). Est ce que l’attente valait le coût ? c’est ce que j’essaierai d’expliquer dans les lignes qui vont suivre.

Premier long métrage de l’écurie Marvel depuis Spiderman : Far from Home, Black Window semblait raconter les origines de la cèlèbre assassine incarnée par Scarlett Johanssen. Certains diront que ça arrive un peu tard vu le sort réservé au personnage dans End Game. On a quand même laissé le bénéfice du doute à Marvel pour voir ce que le studio allait nous offrir. Tout d’abord pour ceux qui s’attendait à voir les origines de Natasha Romanoff et son ascension pour devenir la super héroine qu’on connait seront incroyablement déçus. Même si le film aborde, un tant soit peu, un semblant d’origin story lors de son prologue. Il nous renvoie tout de suite dans un timeline qui prends effet juste après Civil war. Romanoff est traquée par les authorités pour avoir aider Captain America. Elle se réfugie dans un de ses repères en Norvege mais un mystérieux colis la replonge dans son passé. Black Widow suit un peu les traces de Captain America :Winter Soldier et Falcon and the Winter soldier en tant que techno thriller musclé. De ce côté, le film offre vraiment du spectacle avec des scènes d’action corrects (même si parfois le montage est un peu confus) qui fait penser à du Jason Bourne ou Mission impossible mais sans vraiment atteindre le niveau de ses deux sagas. Scarlett Johansson fait ce qu’elle fait d’habitude en tant que Black Widow mais cette fois ci, elle est épaulé par la sublime Florence Pugh. Decouverte grâce au chef d’oeuvre d’Ari Aster , Midsommar, Pugh crève l’écran à chaque fois qu’elle apparait. Elle a cette capacité à effacer les autres acteurs rien qu’avec sa présence et apporte beaucoup de légèreté et de fourbe à son personnage d’assasssine déchue. Tout en complémentant l’aspect rigide de Johanssen, Pugh arrive à imposer son personnage, tout en écrasant celle de Black Window à chaque intéraction. Mention spéciale aussi à David Harbour (Stranger Things) et son Red Guardian, qui fait office de comic relief de l’entreprise tout en démeurant un personnage sympathique qu’on apprends à aimer. Rachel Weisz complète ce quatuor en tant que figure matriarchale et impose son charisme entre légèreté et authorité. Cette famille disfonctionnelle demeure une des réussites du film et on se plait à suivre le déroulement de l’histoire à travers leur point de vue.

Mais Black Widow a des défauts apparents qui font vraiment tâche et sont les raisons pour laquelle le film n’arrivera jamais à la hauteur d’un Winter Soldier ou de la saga Bourne. Marvel propose tout d’abord ce film comme un origin story alors qu’il en est pas vraiment un. Elle se révèle être plus un véhicule pour se servir d’un personnage important de la saga MCU pour en faire un porte étendard du mouvement féministe qui sévit en ce moment à Hollywood. En voulant se servir des icones féminines fortes, l’entreprise essaie d’imposer un point de vue assez rentre dedans. La victime collatérale de cette école de pensée est le méchant Taskmaster. Ceux qui connaissent le personnage savent que Taskmaster est un assassin qui a la capabilité de lire les mouvements de ses ennemis. L’ introduction du personnage est assez spectaculaire et on se prends vraiment à se dire enfin un vilain digne de son nom. Il renvoie beaucoup à Terminator et sa façon implacable de poursuivre ses victimes. Malheureusement, le couperet tombe alors que les origines du méchant sont bafoués pour respecter un agenda politique qui semble être le mot d’ordre de toutes les productions du genre. Le fait de proposer une figure patriarchale en temps que méchant mégalomane n’est pas anodine non plus. On tombe dans la stratégie metoo qui sévit depuis un certain temps. Ce genre de pratique gache un peu le fait que le divertissement est en train d’en patir et malheureusement Black Widow en est impregné. On regrettera aussi une certaine lassitude lors de la deuxième moitié du film. Les tics les plus embarassants du MCU refont surface (humour lourdingue, troisième acte qui essaie d’en mettre plein la vue mais qui se révèle grossier) alors que le premier acte était assez entertaining en tant qu’actioner.

Au final, Black Widow propose un film assez bipolaire dans le fait qu’il propose un actioner correcte, sympathique mais la vision politique derrière dérange et le blasphème des origines de Taskmaster font qu’il demeure une oeuvre victime d’une ècole de pensée contestable. En état, elle se révèle quasi inutile dans la continuité des oeuvres Marvel. Le lien avec  l’univers partagé du MCU fait surface lors d’une séquence post générique (comme d’habitude) un peu grossière mais qui donne envie de voir où ça va aller. Le manque d’ambition général de l’oeuvre fait vraiment tache et on se dit que ce film arrive bien trop tard alors que Bourne, Mission impossible et même James Bond proposent beaucoup mieux dans le genre. Black Widow fait beaucoup penser à Colombiana mais demeure quand mème beaucoup plus potable et sympathique qu’un Captain Marvel grâce à ces 4 personnages principaux. Sympa dans sa première partie, en faisant grincer des dents dans sa deuxième, Black Widow est au final assez oubliable.

5/10

[class^="wpforms-"]
[class^="wpforms-"]